L’observation spatiale pour le suivi des ressources en eau

La région méditerranéenne est souvent considérée comme un exemple paradigmatique de l’extrême tension autour des ressources en eau. Leur surexploitation est déjà observée dans la plupart des pays méditerranéens et la situation ne peut que se détériorer davantage. Dans le contexte du changement climatique et de forts changements anthropiques, la gestion de l’eau s’avère donc, avec la sécurité alimentaire, la question centrale en Méditerranée au XXIe siècle.

Agriculture (qui consomme dans certains pays plus de 80% des ressources), usage domestique, industrie : tandis que la demande globale en eau augmente sans relâche, et en particulier dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée, l’accès à l’eau pour les populations les plus pauvres et / ou les plus isolées reste limité. Il s’agit donc de trouver un bon équilibre entre les différentes demandes catégorielles. Comment quantifier les termes du cycle de l’eau continental ? Quels sont les processus à l’interface entre la surface continentale et l’atmosphère ? Quelles méthodes proposer pour une gestion plus durable de la ressource en eau en tenant compte des futures contraintes climatiques ? Dans le cadre du programme MISTRALS, des scientifiques se sont penchés sur ces importantes questions.

Dans toute la région méditerranéenne, les réseaux de mesures hydrométéorologiques sont souvent insuffisamment denses et mal adaptés aux besoins des gestionnaires d’accès aux données en temps quasi réel. La télédétection (par satellite principalement) a en revanche démontré un grand potentiel pour compléter les réseaux de mesure in situ lors de l’évaluation des composantes du cycle hydrologique. Il s’agit notamment des précipitations, de l’évapotranspiration, de la teneur en eau du sol, de la neige, mais également de la possibilité de générer des descriptions précises de l’occupation du sol et de la couverture végétale. A travers des analyses d’anomalies sur des longues séries temporelles des différents satellites, les capteurs spatiaux fournissent des informations essentielles pour la gestion ainsi que la surveillance des événements extrêmes et de leurs impacts. La large couverture spatiale de ces données devrait permettre une meilleure évaluation des risques en termes de sécurité hydrique régionale. Les progrès de la technologie des systèmes de positionnement satellite et du smartphone ainsi que l’accès libre aux images satellites comme Sentinel (du programme européen Copernicus) ont permis le développement d’applications et d’outils intelligents pour aider les agriculteurs et les parties prenantes dans la prise de décision.

Grâce au programme MISTRALS, un véritable réseau international s’est développé autour de l’utilisation de l’observation spatiale pour le suivi des ressources en eau, incluant plusieurs pays du nord et sud de la Méditerranée. Cela a permis des avancées majeures dans la compréhension du cycle de l’eau et ses différents processus, ainsi qu’un meilleur suivi des événements extrêmes, notamment la sécheresse. En plus de nombreuses publications scientifiques co-signées par les chercheurs relevant du nord et du sud, plusieurs outils opérationnels et produits spatiaux (indices de sécheresse, occupation du sol, irrigation etc) sont transférés vers l’utilisation opérationnelle des gestionnaires dans différents pays, notamment au Maroc, en Tunisie et au Liban.

Sources :

Article paru sur le site de l'INSU le 30 juin 2020 (http://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/lobservation-spatiale-pour-le-suivi-des-ressources-en-eau).
Auteurs: G. Boulet1, J. Ezzahar2, G. Faour3, L. Hanich4, L. Jarlan1, Z. Lili Chabaane5, M. Zribi1
1. CESBIO (CNRS/IRD/UPS/CNES/INRAE)
2. Université Cadi Ayyad, Ecole Nationale des Sciences Appliquées de Safi, Maroc Université Mohamed VI Polytechnique (UM6P), Centre for Remote Sensing and Application (CRSA), Benguerir, Maroc
3. National Centre of Remote Sensing, Beirut, Lebanon
4. Université Cadi Ayyad, Faculté des Sciences et Techniques, Marrakech, Maroc Université Mohamed VI Polytechnique (UM6P), Centre for Remote Sensing and Application (CRSA), Benguerir, Maroc
5. Université de Carthage, Institut National Agronomique de Tunisie, Lr GREEN-TEAM

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