Morroco / Tensift

Pilot site corresponding: Saïd Khabba, UCAMSL

Le bassin du Tensift, site pilote du projet SUD-MED (Chehbouni et al. 2008) et support des activités du LMI TREMA (Jarlan et al., 2015), entoure la ville de Marrakech au centre du Maroc. D’une superficie d’environ 20.000 km², il comporte 3 parties dont le fonctionnement hydrologique est contrasté : au sud du bassin, le versant nord du Haut-Atlas, abondamment arrosé et enneigé (jusqu’à 600 mm/an), où les processus de redistributions de l’eau sont pour l’essentiel latéraux (crues, ruissellement, transferts sub-surface) ; au centre, une vaste plaine agricole alimentés par les montagnes du Haut-Atlas, soit directement (réseaux d’irrigation moderne et séguias), soit indirectement (prélèvement dans la nappe) ; au nord du bassin, les ‘jbilets’, petite chaîne de montagnes arides couvertes par une végétation steppique peu développée, qui n’a pas d’influence majeure sur le cycle hydrologique de la région. Les parties centrale et orientale de la plaine du Tensift (environ 3000 km²) contiennent les principaux secteurs irrigués de la région (NFIS, Haouz et Tessaout). La région est caractérisée par un régime climatique continental aride, avec des précipitations – très variables dans le temps et l’espace – de l’ordre de 250 mm en moyenne annuelle, et une demande évaporative en moyenne 6 fois plus élevée (environ 1500m/an). Environ 85% de l’eau mobilisée est utilisée pour l’irrigation. Le fonctionnement hydrique des principales cultures – plantations (agrumes et oliviers) et céréales (surtout du blé) – ont été intensivement étudiées depuis le début du projet SUDMED (2002).

Le secteur irrigué de 2800 ha « R3 » situé à 40 km à l’Est de Marrakech, a été choisi comme site test pour la spatialisation. Sur ce site, la collecte des informations sur l’occupation du sol et surtout, sur l’irrigation avec une connaissance fine des quantités irriguées jusqu’à l’échelle de la parcelle, est systématique depuis 2008. Par ailleurs une campagne intensive en 2002-2003 avait eu lieu sur ce site. Ses caractéristiques (relief absent, parcellaire régulier et de grande taille) sont appropriées pour évaluer la capacité des satellites à fournir des variables spatialisées relatives à la consommation d’eau par les agro-systèmes. C’est sur ce site que sont programmés les campagnes d’acquisition d’images à haute résolution (ASTER et LANDSAT) dont le financement est demandé dans le cadre de cette réponse. Dans le cadre du programme SUDMED au Maroc, les gestionnaires locaux de l’eau du bassin ont été associés dés la conception du programme: il s’agit de l’Agence de Bassin Hydraulique du Tensift ABHT et l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Haouz ORMVAH. Ce dernier, en particulier, centralise l’ensemble des informations sur l’irrigation (localisation, quantité) relatives aux périmètres irrigués.

Sur le bassin du Tensift, nous pourrons nous appuyer sur un dispositif expérimental de terrain et satellitaire conçu comme un véritable observatoire à même de documenter les principaux processus de redistribution de l’eau à l’échelle du bassin versant sur le long terme. Ce site est en cours de labellisation comme ‘Observatoire de Recherche en Environnement’ (ORE). En particulier, l’évapotranspiration des cultures dominantes de la région (blé, olivier et oranger) a fait l’objet d’un suivi régulier par mesures expérimentales sur lesquelles ont été évalués et calibrés un large panel de modèles aux niveaux de complexité contrastés (Chehbouni et al. 2008). Plusieurs sites échantillonnant les principales cultures de la région sont équipés d’instruments micro-météorologiques pour la mesure in situ du bilan radiatif, du flux d’évapotranspiration et des profils de température et d’humidité dans le sol. Par ailleurs, afin d’établir un bilan hydrique complet de surface des cultures incluant la validation des pertes par drainage, le suivi de l’eau perdue par infiltration est actuellement assuré sur un site d’oranger par l’installation de fluxmètres sous la zone racinaire. Enfin, des mesures des flux de sève permettent la partition de l’évapotranspiration mesurée entre l’évaporation du sol et la transpiration de la culture. Actuellement, nous disposons de deux systèmes complets de mesure du flux de sève (le premier à aiguilles et le deuxième de type dynagage).

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