Une attaque à la bombyx vue par Sentinel-2
Un de mes collègues du CESBIO et du CNES, spécialiste des méthodes de classification automatique et créateur de logiciels libres, m’a raconté que lors de sa dernière ballade dominicale dans la forêt de Bouconne, les arbres étaient en train d’être dévorés par des chenilles. En tendant l’oreille, on pouvait même les entendre grignoter les feuilles. Même s’il n’a pas mes tendances à l’exagération, j’ai voulu vérifier avec mon satellite préféré, Sentinel-2.
L’image ci dessous compare, en fausses couleurs (plus c’est rouge plus la végétation est vigoureuse), les images acquises le 5 juillet 2017 et le 5 juillet 2019 (la même période était nuageuse en 2018). Les différences sont impressionnantes, la couleur rouge s’atténue et disparaît presque par endroits, signe que les chenilles ont consommé une bonne partie des feuilles.


Une petite recherche m’a appris que ce phénomène est dû à la chenille d’un papillon, le bombyx disparate, d’origine locale. Certaines années, il pullule. Il en existe une variante asiatique qui a été Introduite aux Etats-Unis au 19e siècle. Elle y cause de graves dégâts sous le nom de Gypsy moth. Ce papillon est particulièrement amateur de feuilles de chêne. Il est dit « disparate » car le mâle et la femelle ont des aspects très différents:

C’est sa magnifique larve qui lorsque les conditions sont favorables cause tous les dégâts :

Par Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, Lien
La forêt de Bouconne n’est pas la seule en France à avoir été attaquée cette année, c’est aussi le cas de la forêt des Maures sur la côte d’Azur, et là les effets sont impressionnants, comme le montre l’article de var matin ci dessous, et surtout la comparaison des images 2018 et 2019. Vu d’en haut, on pourrait croire que la forêt à brûlé. Il semble que les arbres puissent se remettre des attaques de bombyx, car la larve se transforme en papillon en juillet et laisse les feuilles repousser.
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