Neige et crues dans les Pyrénées entre novembre 2021 et janvier 2022
Le manteau neigeux s’est constitué rapidement dans les Pyrénées suite à plusieurs chutes de neige abondantes entre le 23 novembre et le 10 décembre. Après ce début de saison tonitruant, la surface enneigée a rapidement décliné pour atteindre une valeur plutôt basse au début de l’année 2022. Cette fonte rapide est la conséquence des températures exceptionnellement hautes fin décembre puisque la fin d’année 2021 est la plus douce que la France ait jamais connue.
Ce graphique est tiré de mon Pyrenees Snow Monitor qui utilise les données du satellite Terra/MODIS pour calculer le pourcentage de la surface des Pyrénées qui est enneigée .
Malgré l’épisode de fonte fin décembre, la durée de l’enneigement est plutôt excédentaire à ce jour (16 janvier) si on compare à la moyenne des 20 dernières années.

L’enneigement a connu un regain au début du mois de janvier avec les précipitations amenées par le front chaud aquitain. Si les chutes de neige ont été importantes en altitude, ce front a été accompagné par un fort redoux si bien que les précipitations abondantes sont tombées sous forme de pluie en moyenne montagne, y compris sur des secteurs encore enneigés, entraînant les crues remarquables de la Garonne, de l’Ariège, de l’Adour.
Ainsi l’Adour à Tarbes a connu une première crue trentennale en décembre 2021, puis une crue cinquantennalle en janvier 2022 ! Une crue « trentennalle » est une crue qui arrive en moyenne tous les 30 ans… Il est donc remarquable qu’une crue « cinquentennalle » survienne le mois suivant ! Par ailleurs, l’Adour a connu sa dernière crue trentennalle.. en décembre 2019 !
L’Adour à Tarbes, comme l’Ariège à Foix sont des rivières sous influence nivale si bien que le débit mensuel moyen est maximum au printemps.

Sous l’influence du changement climatique ce régime évolue vers un régime pluvial, avec des crues plus précoces (tendance à la baisse de la date de crue annuelle sur le graphique ci-dessous).

Même si on ne peut pas facilement attribuer des évènements avec une période de retour aussi élevée au changement climatique, ces crues pyrénéennes récentes sont tout à fait compatibles avec l’effet attendu du changement climatique : des précipitations extrêmes plus intenses, avec une fraction liquide sur les massifs plus élevée, et un manteau neigeux de haute montagne qui contribue à renforcer l’onde de crue par des pics de fonte au cœur de l’hiver.
Photo : Pascal Fanise, Etang de Lers le 12 décembre 2021