Les orbites phasées, comment ça marche ?

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En ces jours où l’on reparle d’une expérience Take5 avec SPOT5, je m’aperçois que je n’ai pas expliqué ici comment on arrive à faire passer le cycle orbital de SPOT de 26 à 5 jours exactement, en abaissant l’orbite de SPOT de seulement 3 kilomètres. Il n’y a en fait rien de sorcier là dedans, juste de la simple arithmétique. Depuis son orbite à 822 km d’altitude, SPOT5, comme ses prédécesseurs, a un cycle de 26 jours. Tous les 26 jours, il se retrouve au même endroit exactement. Au cours de ces 26 jours, SPOT 5 fait 369 tours de la terre. En 24 heures, un satellite SPOT parcourt donc 369/26 = 14.19 révolutions (on utilise aussi improprement le mot orbite à la place de révolution).  En diminuant l’altitude du satellite de 3 km, la vitesse du satellite diminue un peu, mais la distance à parcourir diminue davantage, le rayon du cercle à parcourir étant plus petit, son périmètre est plus court. Le satellite met donc un peu moins de temps à parcourir un tour de la terre. Il effectue ainsi 14.2 orbites par jour exactement.

Voici les orbites utilisées pour SPOT4 (Take5), avec quelques uns des sites observés en France et en Afrique du Nord. Le satellite parcourait d’abord l’orbite bleu clair, à l’ouest de la France, puis l’orbite verte le lendemain, la jaune le jour suivant et ainsi de suite. On constate qu’il était possible d’observer un site sur la trace verte depuis l’orbite bleue, et donc que chaque point au sol est bien accessible depuis un cycle orbital de 5 jours avec les capacités de dépointage de SPOT.

14.2 orbites en un jour, c’est aussi exactement 71 orbites en 5 jours. Le tour est donc joué, et le cycle est passé de 26 jours à 5 jours. C’est ainsi que nous avons pu réaliser l’expérience Take5. On m’a aussi souvent demandé pourquoi SPOT avait une orbite de 26 jours. Nos prédécesseurs ont voulu proposer que chaque point au sol puisse être observé depuis la verticale, ou presque. Les satellites SPOT 1 à 5 avait un champ de vue de 116 km en utilisant les deux instruments, et l’on constate que 116x26x14.19 = 43000km, soit à peine plus que le périmètre de la terre à l’équateur. Ceci dit, on a rapidement constaté que la programmation de SPOT utilisait rarement cette possibilité d’observer avec les deux instruments joints. C’est donc le poids de l’histoire qui fait que l’on a conservé cette orbite pour tous les satellites SPOT, un peu comme l’écartement des voies des TGV qui provient directement de la largeur de l’arrière train d’un cheval. Il serait donc possible d’exploiter les satellites SPOT directement depuis l’orbite à 5 jours, ce qui ne changerait rien pour l’exploitabilité des satellites et la commercialisation des images mais fournirait des possibilités supplémentaires avec la possibilité d’observer à angles constants. On peut d’ailleurs s’amuser à observer que les satellites SPOT6 et SPOT7 n’utilisent plus la même orbite que SPOT 1 à 5, et ne circulent qu’à une altitude de 694 km (probablement pour diminuer un peu la taille du satellite et le coût de son lancement), mais toujours avec un cycle de 26 jours, réalisé cette fois à partir de 379/26=14.58 orbites par jour. Pourtant, la justification de ces 26 jours ne tient plus, le champ des satellites SPOT n’est plus que de 60km. Mais il suffirait d’augmenter cette altitude de deux kilomètres pour se retrouver sur un cycle de 5 jours.

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